Sobriété énergétique en entreprise : entre anticipation et législation
Que ce soit pour répondre à une législation ou par choix, les entreprises font face à un enjeu majeur : relever le défi de la transition énergétique en décarbonant leurs activités. Au-delà d’être écologique, la démarche de sobriété énergétique est un véritable vecteur de compétitivité en permettant aussi de se différencier de la concurrence.
Définition de sobriété énergétique
La sobriété énergétique représente l'un des trois axes majeurs de la transition énergétique. Cette dernière s’inscrit dans la démarche RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) des entreprises. Elle nécessite une réévaluation de nos méthodes de production, de transformation et de consommation d'énergie afin de protéger notre environnement.
Alors que le réchauffement climatique s’accélère et que ses conséquences sont de plus en plus visibles, la France a déployé une série de lois et de plans visant à réduire l’impact de la consommation énergétique.
En matière de lois, le législateur n’a pas lésiné sur les moyens (encore faut-il pour certaines d’entre elles voter leur décret d’application) :
- Loi Elan ;
- Décret tertiaire ;
- Loi d'accélération des énergies renouvelables (APER)...
Autant de leviers pour tendre vers l’ambitieux graal, la neutralité carbone d’ici à 2050 (loi européenne sur le climat).
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Loi ELAN : les fondations du décret tertiaire
Depuis quelque temps, on parle beaucoup de ce « décret tertiaire » impliquant de nouvelles contraintes pour les entreprises en matière énergétique. La genèse du décret dit « tertiaire » émane de l’article 175 de la loi Elan (Evolution du Logement, de l’Aménagement et du Numérique).
Son objectif : réduire la consommation énergétique des bâtiments tertiaires en plusieurs étapes : 2030, 2040 et 2050.
Obligation réglementaire, le décret tertiaire, également connu sous le nom de « dispositif Éco énergie tertiaire », vise à inciter tous les acteurs du secteur tertiaire à adopter des pratiques de sobriété énergétique. Il exige une réduction significative des consommations énergétiques dans les bâtiments tertiaires et vient préciser les conditions d’application de la loi ELAN.
Les objectifs de l’Éco Énergie Tertiaire (EET) sont progressifs :
- Le dispositif impose une diminution des consommations d’énergies finales d’au moins - 40 % en 2030 par rapport à 2010 ;
- En 2040, la réduction doit atteindre au moins - 50 % ;
- Enfin, la baisse devra s’accentuer jusqu’à - 60 % en 2050.
Anticiper l’optimisation énergétique
Pour répondre aux enjeux de RSE, notamment en termes de sobriété énergétique, les solutions sont diverses. Par exemple, RGV Groupe a fait le choix d’anticiper son optimisation énergétique.
Situé à Cholet, il détient notamment les enseignes « L’Autre Usine » et « L’Autre Faubourg ». Ce groupe familial intervient dans différents domaines d’activités du territoire choletais.
Le développement durable et la sobriété énergétique font partie de la culture de l’entreprise qui n’a pas attendu le législateur pour investir dans ce sens. Précurseur en la matière, en 2010, il installe une centrale photovoltaïque (ombrières) à « L’Autre Faubourg », de même qu’un système de récupération d’eau de pluie pour les espaces verts.
Produire son énergie
Depuis, RGV a continué d’investir dans les énergies renouvelables en équipant de centrales photovoltaïques d’autres sites lui appartenant, dont « L’Autre Usine ». Ce sont 16 000 m2 qui ont été réhabilités (après dépollution du site) pour accueillir aujourd’hui des activités de sport et de loisirs indoor.
« La centrale a une puissance de 1,4 mégawatt crête (MWc) (1). Sur les sept centrales photovoltaïques équipant les différents sites du groupe, celle-ci représente 70 % de la production énergétique. L’énergie est vendue à un fournisseur d’énergie » - Aurélie Sevet – responsable énergie–développement durable chez Oréas Environnement (filiale RGV Groupe).
Pour être plus vertueux en la matière, et poursuivre sur ce vaste chantier de la sobriété, le groupe se fait accompagner par ORACE, une association régionale dont la mission est de soutenir les entreprises dans leur démarche de maîtrise de leurs consommations d’énergie.
Autoconsommer
Toujours dans une optique de sobriété énergétique, le groupe prévoit un autre projet. Envisagé avant même d’y être contraint par la loi, il inclut l’installation d’une seconde centrale photovoltaïque sous forme d’ombrières de parking. « Cette fois, nous serons en autoconsommation individuelle (ACI). Ce procédé consiste à consommer soi-même l’électricité produite par l’installation photovoltaïque ou en autoconsommation collective (ACC) qui dispatche l’énergie d’une centrale photovoltaïque entre plusieurs consommateurs. Cette solution permet à ces derniers, de disposer, entre autres, d’un tarif stable dans le temps ».
Plan de sobriété énergétique : Application du Décret Eco énergie tertiaire
Autre exemple d’entreprise qui a décidé de s’engager dans une démarche de sobriété énergétique, Agir Recouvrement. Basé à Cholet, ce cabinet de recouvrement de créances fait partie du groupe FSP. Agir Recouvrement est concerné par le Décret Eco énergie tertiaire.
Comme « L’Autre Usine », Agir Recouvrement a été accompagné par ORACE pour sa démarche de consommation responsable.
Autre levier de sobriété énergétique : la réduction du bilan carbone
Installée dans le Maine-et-Loire depuis plus d’un siècle, l’entreprise familiale Humeau-Beaupréau produit les célèbres sandales en PVC Méduse, mais aussi la marque de chaussures en cuir pour enfants Bopy, ou les bottes et sabots de travail pour la sécurité et l’agro-alimentaire Baudou.
Si la préoccupation d’une meilleure gestion de l’énergie était déjà présente au sein de l’entreprise, la hausse tarifaire de 2022 liée à l’électricité a résolument été un facteur déterminant pour aller plus loin et s’engager dans une politique de sobriété énergétique.
Réduire la consommation d’énergie en entreprise
« L’énergie utilisée est à 100 % électrique, excepté sur le site de production où la source de chauffage provient du fuel. Dès 2017, l’entreprise a procédé à un audit pour identifier les pistes d’action visant à réduire la consommation d’énergie et notre impact environnemental ». Comme l’explique Mathieu Berteau, chargé de projets RSE, la nécessité d’aller dans ce sens n’est pas seulement économique. « Nos clients sont de plus en plus nombreux à nous interroger sur notre bilan carbone, sur la durée du cycle de vie de nos produits. Nous devons être à même d’apporter des réponses concrètes ».
Pour tendre vers une moindre consommation d’énergie, l’entreprise a sollicité l’avis de ses collaborateurs, les invitant à émettre des propositions à ce sujet. La sensibilisation des salariés a été portée, entre autres, par l’utilisation de l’application Energic, solution alliant numérique, accompagnement humain et communication.
ORACE : une expertise sur la sobriété énergétique
Restait une action majeure à entreprendre : séquencer l’utilisation d’énergie par pôle de consommation. « L’idée fut de découper par lieu de consommation (bureaux, ateliers…) mais aussi de séquencer les machines en posant des sous-compteurs quasiment pour chaque pièce. […] L’expertise d’ORACE a été particulièrement efficace dans notre réflexion. Grâce à un audit lié à la consommation, nous avons pu imaginer un plan d’actions nous permettant d’identifier les endroits précis où il était pertinent de commencer et quels étaient les axes à prioriser ».
L’efficacité des mesures est déjà avérée : la consommation en kWh/paire (de chaussures) a été réduite entre 2022 et 2023 de 13 %.
ORACE
Depuis 2013, ORACE soutient les entreprises de la région des Pays de la Loire dans la gestion de leur consommation énergétique.
En tant que centre de ressources et de compétences en matière d'énergie, ORACE offre à ses membres une gamme d'outils et de services visant à optimiser l'exploitation de leurs bâtiments et processus, tout en améliorant leurs pratiques pour réduire la consommation d'énergie de leurs sites et limiter l'empreinte carbone de leurs activités. ORACE propose des services adaptés aux besoins spécifiques de chacun de ses membres.
(1) Le « Watt crête » (Wc) est une mesure utilisée dans le domaine de l'énergie solaire pour évaluer la puissance maximale qu'un panneau photovoltaïque peut produire dans des conditions optimales de température et d'ensoleillement, associées à une orientation favorable du panneau.
Un article inspiré du magazine Anjou Eco n°76 – sept 24