Le Conseil départemental, acteur du développement économique sarthois
En matière économique, le Conseil départemental agit en faveur de l’accès pour tous au numérique. Quelles actions avez-vous menées et pourquoi ?
Dès 2004, nous avons été le premier Conseil départemental à faire le choix de créer notre propre réseau de très haut débit numérique, avec la volonté d’apporter la fibre optique à tous les Sarthois. Dans ce but, nous avons commencé par desservir les plus petites communes, afin de garantir la couverture de l’ensemble du territoire.
Nous avons déployé 16 000 km de câbles de fibre optique destinés à alimenter 218 000 prises. Aujourd’hui, il ne reste plus que 349 foyers à raccorder à leur demande. Cette opération "Fibre optique Sarthe numérique" a représenté 400 millions d’euros d’investissements, dont 60 millions financés directement par le Département et les collectivités locales.
En quoi ce réseau, désormais opérationnel, vous permet-il d’influencer le développement économique du département ?
Ce réseau assure aux habitants et aux entreprises un accès à la fibre optique THD et, par conséquent, la possibilité de communiquer avec leurs proches, leurs clients… dans le monde entier. Ce réseau renforce donc l’attractivité du territoire et favorise l’innovation.
Sur le terrain, je rencontre régulièrement des personnes qui me disent que, grâce à la fibre optique, elles peuvent télétravailler depuis la Sarthe, alors que leurs bureaux se trouvent dans d’autres régions, voire à l’étranger.
De même, des sociétés de téléconseil ont pu créer des emplois dans tout le département en recrutant des salariés travaillant à domicile.
Aujourd’hui, nous souhaitons nous appuyer sur ce réseau de très haut débit pour développer les usages numériques, en partenariat avec les collectivités locales et des acteurs comme la Chambre de commerce et d’industrie.
Et comment développez-vous ces usages ?
Le Conseil départemental a cofinancé l’aménagement de huit tiers-lieux numériques, co-animés par la CCI. Ces espaces permettent aux acteurs économiques d’échanger des bonnes pratiques, de développer des synergies, ou encore de télétravailler.
Nous avons également offert à plus de 2 000 entreprises des raccordements très haut débit, sans lesquels certaines sociétés n’auraient pas pu poursuivre leur activité.
À destination des particuliers, nous avons recruté 16 conseillers numériques qui vont à la rencontre des habitants pour les aider à maîtriser l’informatique et le numérique. En deux ans, ils ont déjà réalisé 24 000 accompagnements.
Nous avons aussi créé un fonds numérique solidaire à travers lequel nous distribuons des équipements informatiques, notamment aux collégiens et aux associations. À cette occasion, nous avons noué un partenariat avec Envie Maine, qui reconditionne le matériel.
Enfin, nous venons de créer le premier centre de données numériques souverain, Sartera (voir encadré). Celui-ci complète le réseau bas débit LoRaWAN que nous avons développé, et qui offre la possibilité aux collectivités de piloter des compteurs d’eau, d’électricité, des systèmes d’éclairage…
En résumé, nous affirmons une politique numérique offensive, qui nous permet de toujours garder une longueur d’avance.
Plus globalement, avec quels partenaires déployez-vous vos actions en faveur du développement économique ?
Nous n’avons plus la compétence économique, ce que je regrette, car l’échelle départementale était sans doute la plus pertinente pour assurer le développement économique local. Cependant, nous restons un relais pour les communes, les communautés de communes et les acteurs économiques, avec lesquels nous conservons des liens de confiance très forts.
Les clubs d’entreprises et les chambres consulaires, notamment la CCI, sont des partenaires et des interlocuteurs privilégiés.
Nous sommes ainsi en relation directe avec la CCI pour promouvoir et développer l’action économique, la recherche et le développement. Ensemble, nous organisons le salon Connect et nous soutenons les animations dans les tiers-lieux numériques.
Le Conseil départemental soutient également le travail de la CCI en faveur de la formation et de l’enseignement supérieur. Nous contribuons, à hauteur de trois millions d’euros, à la construction du Campus Californie, afin de soutenir la diversité des formations, en lien avec les besoins des entreprises.
Quel est le poids du Conseil départemental en tant que donneur d’ordre ?
En tant que maître d’ouvrage, le Département investit chaque année 100 millions d’euros dans l’économie locale, dans le numérique, mais aussi dans les travaux publics, à travers des chantiers structurants et durables (routes, réseaux, collèges, bâtiments, aménagements de voies vertes…). Nous travaillons avec des entreprises locales, favorisant ainsi l’emploi sur le département.
De plus, après la crise sanitaire, afin d’accompagner les besoins des communes dans leur développement économique et l’aménagement de leur territoire, nous avons engagé 50 millions d’euros à travers trois plans de soutien, de relance et d’investissement.
Quel poids conservez-vous sur la politique touristique ?
Paradoxalement, et je m’en réjouis, nous avons conservé la compétence sur l’attractivité et le tourisme, un secteur économique à part entière, créateur de plusieurs milliers d’emplois. Avec Sarthe Tourisme, nous accompagnons la promotion de projets d’intérêt touristique, d’hébergements de tout type, de campings, d’habitats insolites… Nous assurons la promotion de la Sarthe sur des salons internationaux ou encore à travers des campagnes d’affichage.
Pour développer cette politique touristique, nous bénéficions d’une extraordinaire locomotive avec le circuit des 24 Heures du Mans, élu Monument préféré des Français ! Celui-ci accueille chaque année un million de visiteurs, et les hébergements sarthois sont pleinement en capacité de répondre à cette demande.
Propos recueillis par Emmanuel Chevreul
Après avoir été le premier département à déployer son propre réseau de fibre optique sur l’ensemble de son territoire, le Conseil départemental de la Sarthe a récemment ouvert le premier centre de données (data center) public de proximité de France. La construction du site a été menée par Sarthe Numérique et Sartel.
"Il s’agit d’un data center qui ne relève pas des Gafam et qui, par conséquent, assure un hébergement des données parfaitement indépendant, sécurisé et confidentiel, explique Dominique Le Mèner. Il est prioritairement mis à disposition des collectivités territoriales et des organismes publics, mais peut être accessoirement ouvert à des entreprises privées."
Ce service inédit a été aménagé dans un bâtiment qui, pour l’occasion, a été réhabilité avec des matériaux réemployés ou recyclés, en privilégiant des solutions durables qui permettent de limiter considérablement l’empreinte carbone de la structure.