Royaume-Uni : De belles opportunités pour les exportateurs français

Développement commercial
08.11.2024
Magazine
Un temps légitime, la peur du Brexit n’est plus qu’un souvenir. Exporter au Royaume-Uni, même hors de l’Union européenne, peut être très rentable pour peu que l’on s’en donne les moyens.
Photo Tower Bridge London
© Adobe Stock

Un peu plus de huit ans déjà que les Britanniques se sont prononcés lors du référendum sur l’appartenance du Royaume-Uni à l’Union européenne pour une sortie de ce dernier (51,89 % pour "leave the European Union"). Ce fameux Brexit a suscité beaucoup d’interrogations, voire d’inquiétude, mais après des efforts diplomatiques importants, les deux parties ont réussi à trouver un terrain d’entente et éviter une sortie douloureuse.


Ainsi, l’Accord de commerce et de coopération EU-Royaume-Uni est entré en vigueur le 1er mai 2021 et sert désormais de cadre à toutes les relations commerciales entre le Royaume-Uni et les pays européens. "Le Brexit n’a pas été un empêchement, explique Henri Baïssas, directeur de Business France Royaume-Uni. Ça a été une contrainte et une interrogation au départ. Il y a eu un projet de découplage total avec les pays européens. Mais au contraire, la loi européenne a été transposée dans la loi britannique et le découplage sur les normes n’a pas eu lieu. La réalité c’est que, mise à part la complexité pour les transporteurs et les transitaires, c’est "business as usual" pour les entreprises ! "

Pour Colart, ça n’a presque rien changé

Un Brexit presque indolore ! C’est aussi le constat que fait Thierry Collot, directeur des relations extérieures de Colart France, entreprise basée au Mans. Pourtant, avec un pied de chaque côté de la Manche - des propriétaires suédois, un siège à Londres et sa principale unité de production au Mans - le groupe Colart avait des raisons d’être inquiet sur les conséquences du Brexit. 

"Dans l’ensemble, notre organisation n’a pas été déstabilisée par le Brexit. Le Royaume-Uni et l’Europe sont restés très alignés et dans notre métier, les normes de l’Union européenne qui s’appliquaient au Royaume-Uni n’ont pas vraiment changé après le Brexit. Nous n’avons pas eu à modifier nos produits à cause de cela (…) Nous avons simplement, concernant nos deux entités de fabrication en Angleterre qui livrent des produits finis au Mans, connu une complexité accrue. Comme nous avons une activité exportatrice rodée, on s’est aisément adapté aux quelques changements sur le plan douanier."
 

Avec 350 salariés permanents au Mans, Colart France est la principale unité de production du groupe et sa principale plateforme logistique. "Nos plus gros marchés sont les marchés historiques de nos trois marques majeures (Liquitex, Lefranc Bourgeois et Winsor & Newton), précise Thierry Collot, à savoir les États-Unis, la France et le Royaume-Uni. Nous avons également des filiales en Europe (Espagne, Italie, Allemagne, Pologne…) et des distributeurs pour le reste du monde. Le Brexit n’a rien changé commercialement si ce n’est, de façon assez marginale pour nous, pour le commerce en ligne. Certains acteurs en Angleterre pouvaient être un peu plus agressifs sur les prix et le Brexit a complexifié les ventes et les a rendues plus coûteuses."
 

Un constat confirmé par Henri Baïssas : "le seul domaine qui a vraiment été impacté, ce sont les petits envois dans le e-commerce B to C car, même s’il n’y a pas de nouveaux droits de douanes, il y a tout de même des formalités douanières. Les seules entreprises impactées sont donc celles qui faisaient du e-commerce B to C. 30 ou 40 euros de frais administratifs sur une palette, c’est facile à amortir ; sur un produit de quelques dizaines d’euros, c’est impossible."

Des opportunités pour les projets de long terme

Pour les entreprises qui n’ont pas encore osé franchir le Channel, il est donc opportun d’y penser. "Le RU est une grande économie, c’est la 6e économie mondiale, juste devant la France, et la 2e économie européenne, rappelle Henri Baïssas. C’est un très grand partenaire commercial français, le 5e avec un niveau d’exportations de biens et de services qui reste très élevé. L’économie britannique est une économie de services à 80 %, elle a besoin d’acheter des produits et garde une affinité pour les produits français."
 

Pour autant, ce n’est pas un marché facile. Mature et compétitif, il demande d’avoir une proposition de valeur très affutée et d’avoir un discours très pertinent. Mais le jeu en vaut la chandelle car la rentabilité peut être forte. "Le point crucial, c’est d’avoir une véritable stratégie d’accès au marché et de prendre le temps de comprendre et de s’adapter au marché, précise Henri Baïssas. Il faut comprendre quels sont les produits, les services qui vont intéresser le marché, comment les adapter à ce marché, quels sont les réseaux de distribution pour ces produits, quels sont les codes en matière de communication et les façons de faire… Cette partie de définition de stratégie de marché est essentielle."
 

"Il y a un deuxième aspect, c’est la prospection. Business France Royaume-Uni a des équipes rompues à ces mises en relations d’affaires. Ensuite, il faut véritablement une troisième phase d’activation, de développement communication et marketing qui est très important. Même avec un diffuseur, si on ne l’aide pas par des actions de développement commercial, ce n’est pas lui qui va se battre tout seul. Des entreprises pourront toujours faire des coups et on trouvera des exemples, mais c’est très marginal. Il faut s’inscrire dans la durée pour développer de grandes affaires. "

Des secteurs très porteurs

Comme pour tous les pays, il y aura quelques adaptations à faire, s’adapter à la langue et peut-être retravailler un territoire de marque. "Il faut aussi faire un apprentissage du pitch. Souvent nous ne sommes pas très bons pour traduire notre innovation en une proposition commerciale, aller droit au but pour expliquer ce que l’on est et ce que l’on propose", ajoute le directeur de Business France à Londres. Avant de donner quelques pistes de secteurs porteurs : "le sujet de la décarbonation est un sujet mondial, mais le volontarisme anglais dans ce domaine est important et il y a une volonté d’aller vite. Il y a donc un grand appétit pour des innovations dans ce domaine. 

Le Royaume-Uni a aussi un problème de main- d’œuvre et a donc un grand intérêt pour toutes les solutions qui vont faire gagner en productivité dans l’agro, dans l’industrie… Vous avez aussi dans le domaine de la santé une problématique importante, comme en France, sur l’efficacité du système de santé et le NHS (National Health Service) recherche toutes solutions technologiques qui vont permettre de gagner en productivité."
 

Les experts de Business France à Londres auront l’occasion de s’étendre sur ces informations lors de la mission au Royaume-Uni que la Team France Export et la CCI des Pays de la Loire proposeront aux entreprises en 2025.  

 

Pierre-Jacques Provost

 

Contact CCI

Chiffres clés

67 millions d’habitants
82,9 % de la population est urbaine
243 610 km2 soit 2,25 fois plus petit que la France
9,6 millions d’habitants à Londres, la capitale, pour 24 % du PIB
6e économie mondiale
2e économie européenne
+ 0,1 % taux de croissance en 2023
3,9 % taux de chômage en mars 2024
Le Royaume-Uni est le 6e client de la France et son 8e fournisseur
La France est le 5e client du Royaume-Uni et son 5e fournisseur

 

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