Reste à charge CPF : Une logique de co-financement de la formation
Le décret du 29 avril 2024 instaure une "participation obligatoire au financement des formations éligibles au compte personnel de formation" (CPF) correspondant "à une somme forfaitaire dont le montant est fixé à cent euros et revalorisé chaque année par arrêté en fonction de l'indice mensuel des prix à la consommation". Cette réforme vise à impliquer davantage les salariés dans leur parcours de formation en les rendant partiellement responsables du financement.
Certaines catégories de salariés sont cependant exemptées de cette obligation. Le reste à charge CPF ne concerne pas les demandeurs d'emploi ni les salariés dont l’employeur prend en charge la formation via un abondement. Car depuis décembre 2020, les entreprises peuvent déjà abonder le CPF de leurs salariés. Toutefois, avec la mise en place du reste à charge, cette possibilité prend une nouvelle dimension. Elle renforce la dynamique de co-construction entre l’entreprise et le salarié, en favorisant des parcours de formation partiellement financés par l’employeur.
"L’encouragement des salariés dans cette nouvelle logique de co-construction est important", explique Gaëlle Maillard, responsable des ressources humaines dans l’entreprise Lavigne à Mayet (100 salariés), spécialisée dans la communication par l’objet, notamment connue pour l’impression de calendriers personnalisés. "La première étape consiste à informer les collaborateurs sur leur droit au CPF, car bien souvent il est oublié ! Ensuite, nous pouvons les accompagner à ouvrir leur espace CPF si ce n’est pas déjà fait, puis à les aider dans les formalités du dossier de demande de formation, car ces démarches administratives ne sont pas toujours évidentes pour un salarié", poursuit la responsable RH.
Valoriser les compétences des salariés
Notons que l'accès à des formations certifiantes, éligibles au CPF, permet de reconnaître et de valoriser les compétences des salariés. Dans une logique de co-construction, l’entreprise peut identifier des formations pertinentes en lien avec le poste du salarié, tout en prenant en compte le reste à charge CPF à travers une politique de cofinancement.
"Notre volonté est de sensibiliser les collaborateurs sur la nécessité de se former pour renforcer leur employabilité, souligne Gaëlle Maillard. À partir du moment où la formation demandée entre dans le champ des compétences nécessaires à l’entreprise et aux projets des services, nous avons toutes les raisons de financer le reste à charge du CPF et le complément de coût éventuel. Car pour certaines personnes, 100 euros c’est beaucoup ! Le salarié comme l’entreprise sont gagnants, le collaborateur montre ainsi sa motivation et son engagement pour une formation en consommant son CPF et l’entreprise répond au besoin de développement des compétences de ses salariés. Et nous pouvons aussi autoriser la formation sur le temps de travail".
En résumé, le reste à charge CPF impose une participation des salariés, mais ouvre la voie à une coopération renforcée avec les employeurs, dans une logique de cofinancement des parcours de formation.
Maryse Gautier