Outils numériques : Les datas au service de la sobriété hydrique

"Le seul moyen pour piloter sa consommation comme le traitement de ses eaux, c’est de mesurer, ce qui implique de collecter en amont toutes les données nécessaires, via des capteurs connectés", rappelle Benoît Riou, directeur général de Stat & More, qui accompagne sociétés de services comme industriels dans le traitement et la valorisation de leurs données. "L’avancée numérique réside dans la connexion dynamique en temps réel, permettant des prélèvements et mesures automatiques sur divers critères", ajoute l’expert.
Mesure de volumes, de débit comme de qualité de l’eau (pH, pollution, température…) autant de données précieuses pour "aider à la prise de décision à partir des tableaux de bord". Selon le principe des 3R (réduire, réutiliser, recycler), la gestion écoresponsable débute toujours par l’analyse de sa consommation pour identifier les leviers d’action. "Les industriels peuvent ensuite mettre en place des actions correctives sur leur réseau comme sur le traitement de leurs eaux usées", incite Benoît Riou qui conseille un accompagnement expert et le recours à l’open source. "Il faut choisir son opérateur en étant certain de garder la main sur ses données qui ont de la valeur !"
Mesurer pour mieux piloter
Nombre d’industriels engagés dans des politiques environnementales exploitent déjà leurs datas pour améliorer la gestion des eaux, à l’instar du groupe LDC qui emploie 26 000 collaborateurs. Afin de couvrir les besoins de production des 110 sites sur ses pôles - amont, volaille, traiteur et international - le groupe consomme 11 millions de m3 d’eau par an. "C’est un enjeu majeur pour le groupe, qui s’est engagé à réduire de 1 % par an son ratio de consommation (l/kg produit)", explique Laurent Schrijvers, référent Eau, qui anime auprès des sites une politique de gestion écoresponsable, dictée à la fois par les impératifs réglementaires comme la raréfaction de cette ressource.
"La meilleure économie est ce que l’on ne consomme pas, d’où la mesure de nos volumes via des compteurs interfacés avec des tableaux, où nous accédons à la donnée souhaitée au timing voulu, jusqu’en temps réel". Les mesures incluent aussi la température et la pression "notamment pour optimiser le nettoyage, la partie la plus consommatrice d’eau en abattoir". Si les compteurs à l’entrée et sortie de site sont un minima, le groupe multiplie en continu leur nombre pour automatiser la gestion.
6 % d'eau économisés en cinq ans
"Chaque conducteur de ligne peut corriger les anomalies, travailler sur une laveuse pour limiter la pression, optimiser des temps d'ouverture de vannes, ou encore détecter des fuites via des consommations nocturnes, ou en comparant les usages d’un site à l’autre, se réjouit-il. Nous travaillons aussi sur la réutilisation de l'eau, son retraitement, et la remettons dans certains endroits du process quand cela est possible". L’ensemble des actions et choix d’équipements ont déjà permis des économies de 6 % d'eau (sur nos ratios de production) les cinq dernières années.
Avec un pilotage site par site : "chaque site étant autonome, nous nous adaptons à leurs besoins et maturité sur le sujet pour impliquer tous les salariés, jusqu’aux écogestes comme passer la raclette avant le jet de nettoyage". Car comme toute stratégie vertueuse, "toutes les parties doivent être impliquées, en commençant par la direction générale !" confirme Benoît Riou.
Élise Pierre