Achats : Adopter des pratiques plus responsables

Transition écologique
23.09.2024
Magazine
Aujourd’hui, les achats responsables constituent un enjeu majeur pour toutes les entreprises. Au-delà du prix, il s'agit de retenir l'offre la plus avantageuse économiquement qui répond aux enjeux environnementaux et sociétaux en prenant en compte les impacts d'un produit sur l'ensemble de son cycle de vie.
Ménoubia Puluhen, directrice adjointe recherche/développement et innovation sociale chez Mancelle d'Habitation.
Ménoubia Puluhen, directrice adjointe recherche/développement et innovation sociale chez Mancelle d'Habitation.

D'après l’Iso 20400 (1), "un achat responsable est un achat dont les impacts environnementaux, sociaux et économiques sont les plus positifs possible sur toute la durée du cycle de vie et qui aspire à réduire le plus possible les impacts négatifs". Logiquement, l'achat responsable d'un bien ou d'un service (matières premières, fournitures, transport, nettoyage, etc.) s'inscrit dans la démarche RSE de l'entreprise.
 

Réduction des déchets, moindre émission de CO2, principe d'économie circulaire, circuits courts, rémunération équitable, respect des droits humains… tels sont les critères de choix de l'acheteur "responsable" lors de la passation de marché.
 

Le coût plus que le prix
 

Quand l'entreprise ne cherche plus les prix les plus bas pour faire des économies à tous les niveaux, elle raisonne en termes de coûts, en prenant en compte les coûts cachés (utilisation telle que la consommation d'énergie, frais de maintenance, durabilité, réparabilité, impacts sur l'environnement et la société) de la production à l'élimination du produit. Ce critère "coûts" est intégré dans le code des marchés publics depuis 2019. Une démarche qui a des avantages à moyen et long terme. Le tube de colle acheté trois fois moins cher, en provenance d'un pays à bas coûts, où les conditions de travail et les lois environnementales sont très éloignées de la législation européenne durera aussi trois fois moins longtemps… "Nous privilégions le mieux disant au moins disant dans nos appels d'offres, explique Ménoubia Puluhen, directrice adjointe recherche/développement et innovation sociale chez Mancelle d'Habitation. 
 

Au sein de cette entreprise sociale pour l'habitat qui gère 6 600 logements, la RSE s'est inscrite progressivement dans la stratégie de l'entreprise. Et, logiquement, une attention particulière est portée aux achats responsables. Avec Raphaël Meriau, responsable d'exploitation et qualité fournisseurs, une politique d'achats respectueux est appliquée. Elle prend de l'ampleur progressivement. "Avant nous avions des bonnes pratiques. Aujourd'hui on a décidé de se structurer pour aller plus loin sur l'économie circulaire", ajoute Ménoubia Puluhen. 
 

Achats éco-responsables (led, produits d'entretien verts, etc.), achats de produits de seconde main, charte achats, charte mobilité, bilan bas-carbone… des plans d'action sont mis en place pour passer à la vitesse supérieure. "Sur nos achats, on impose des contraintes aux prestataires. Le critère responsable des solutions qu'ils proposent est décisif dans l'attribution du marché. En tant qu'entreprise responsable, on a un rôle à jouer pour sensibiliser nos partenaires qui vont aussi s'engager dans cette dynamique," affirme la directrice adjointe. Les achats responsables "seconde main" seront d'ailleurs évoqués lors de l'après-midi Réemploi proposé aux entreprises par la CCI et Envie Maine le 1er octobre prochain.
 

En février 2024, Mancelle d'Habitation a créé un conseil de concertation environnemental qui réunit des salariés des différents services (maîtrise d'ouvrages, marketing/communication, comptabilité, etc.), des locataires et des prestataires (construction, entretien courant, déchets), une association d'insertion, une association locale de biodiversité et deux collectivités. La CCI a été sollicitée pour apporter son expertise. "Des groupes de travail ont été lancés (déchets, cadre de vie, etc.) et la charte d'engagement a été signée en juillet pour impliquer l'ensemble des salariés. Il s'agit d'échanger de bonnes pratiques, de lever les contraintes et d'agir de façon collective. Les pratiques liées à notre charte d'achat seront ainsi communiquées à tous les partenaires impliqués dans ce conseil de concertation environnemental".
 

Une politique fédératrice
 

Sans oublier qu'une politique d'achats responsables est fédératrice et positive en termes d'image en interne et en externe. La dynamique est lancée auprès des salariés et des partenaires de l'entreprise mancelle. "Nos prestataires s'engagent aussi de plus en plus avec des produits et services plus respectueux socialement et environnementalement", se félicite Ménoubia Puluhen. 
 

Analysés par l’association Obsar (Observatoire des achats responsables) dans son baromètre annuel (2) lancé en 2010, les achats responsables progressent réellement dans les organisations. 93 % des répondants affirment avoir mis en place une stratégie achats responsables avec des PME de plus en plus motivées. Dans le privé, cet engagement est porté par l’adaptation au marché (36 %) alors que le secteur public répond d’abord à une demande réglementaire (53 %). La réduction des impacts notamment sur l’environnement est aussi un moteur. Directions achats et RSE mènent la démarche alors que les directions métiers sont rarement impliquées ; un point à améliorer puisque leur rôle est crucial.

 

Karine Méteyer


(1) Cette norme internationale labellise les entreprises qui conjuguent responsabilité sociétale et achats responsables, selon un référentiel qui comprend 15 critères d’évaluation.
(2) Sondage effectué de janvier à avril 2024. 403 organisations y ont répondu (80 % du secteur privé et 20 % du secteur public).

 

Contact CCI 

 

Plus d’informations
agirpourlatransition.ademe.fr/entreprises/achats
obsar.asso.fr

Annuaire régional des acteurs du réemploi et de l'upcycling

Créé par les CCI des Pays de la Loire, cet annuaire recense département par département les acteurs de la région spécialisés dans le réemploi ou l’upcycling d’objets/matières, qui proposent des solutions aux professionnels. Dans ce document, les acteurs du réemploi sont ceux qui récupèrent et revendent des objets/matières aux entreprises et permettent ainsi d’allonger la durée de vie de ces matériaux. Les acteurs de l’upcycling sont inclus car, bien qu’ils détournent l’usage initial des objets/matières, ils concourent à l’allongement de la durée de vie de produits non apparentés à des déchets.

Il a été réalisé en partenariat avec la Cress (Chambre régionale de l'économie sociale et solidaire) et l'Adecc (Association pour le développement de l'économie circulaire et collaborative), avec le soutien de l'Ademe.
 

Téléchargez l'annuaire