Le marketing d’influence : Un puissant levier de promotion

Développement commercial
27.05.2024
Magazine
Vous souhaitez attirer, développer votre clientèle ? Miser sur la notoriété d’influenceurs ou s’investir directement dans le marketing sur les réseaux sociaux peut se révéler être un puissant vecteur de promotion… et ainsi booster les ventes. Seule condition : respecter les règles de transparence et d’éthique du législateur qui a encadré ces pratiques et favorise ainsi la professionnalisation de tous les acteurs du secteur.
Bintou Aubier, gérante de la boutique de prêt-à-porter Yellow Store au Mans.
Bintou Aubier, gérante de la boutique de prêt-à-porter Yellow Store.

Pour Joshwan Humez qui a ouvert à 28 ans son propre salon de coiffure au Mans, les réseaux sociaux sont la meilleure des publicités : "Lorsque l’on fait du bon travail, ça se sait vite, et relayé par les réseaux, encore plus vite !" Facilement accessible à tout commerçant ou dirigeant, le marketing d’influence constitue un puissant levier pour les entreprises comme les marques. Objectif : gagner en visibilité et en notoriété, mais aussi assurer la promotion de ses produits ou services, en usant de l’influenceur qui gère une communauté ultra ciblée de consommateurs. 

Si à ses débuts, le marketing d’influence visait surtout les membres actifs d’une communauté ou des forums, dans les années 2000, les entreprises ont travaillé directement avec les blogueurs influenceurs. Bintou Aubier, gérante de la boutique Yellow Store au Mans, peut en témoigner : "les influenceuses m’ont aidée en 2017 à promouvoir des sacs à dos pour enfants. Elles sentaient qu’il y avait une vague à prendre et travaillaient avec plaisir auprès de leur communauté dès que je leur avais envoyé le produit, sans nécessairement de rémunération". Depuis cette expérience, les réseaux sociaux ont pris un tel essor et la carrière d’influenceurs un tournant si médiatique que le législateur est intervenu pour en limiter les dérives.

Une loi qui professionnalise les pratiques comme les acteurs

Si le marketing d’influence est devenu indispensable au sein de toute stratégie de communication, avec en son centre l’influenceur, ce "prescripteur de marque", la loi du 9 juin 2023 est venue encadrer l’influence commerciale. 

"Les présentations des influenceurs pouvaient induire en erreur les internautes, par manque d’information et de transparence sur l’existence d’une collaboration commerciale entre l’influenceur et l’entreprise qui commercialise les produits/services présentés. Le législateur est venu définir les acteurs - l’influenceur, l’agence d’influenceurs - et a rendu obligatoire la signature d’un contrat pour encadrer cette relation commerciale et préciser la rémunération perçue, même si c’est en produits", explique Julie Cordelet, avocate chez Fidal. 

Depuis son application, plus de 300 influenceurs ont été contrôlés en 2022 et 2023 par la DGCCRF (1). Parmi eux, plus de la moitié étaient en anomalie, pour la plupart pour pratiques commerciales trompeuses, 35 avertissements ont été adressés ainsi que 81 injonctions et 35 suites pénales. Car certains faits sont graves comme déclarer que la vente d’un produit ou la fourniture d’un service est licite alors qu’elle ne l’est pas, surtout s’il s’agit de produits nocifs pour la santé. 

Miser sur l’authenticité

"Cette loi vient surtout sécuriser cette relation commerciale et définit des droits et des obligations de chacun. En structurant ce secteur, cette règlementation professionnalise l’ensemble de ses acteurs", estime Julie Cordelet, pour qui le marketing d’influence constitue "un véritable levier de développement commercial ". Bintou Aubier s’en est saisie à l’occasion de l’ouverture de sa boutique de prêt- à-porter Yellow Store en surfant sur sa notoriété acquise lors de son passage télé dans Les Reines du Shopping. "J’ai ouvert la boutique au Mans, en travaillant en amont avec les influenceuses. Elles ont fait du teasing avec quelques pièces et un compte à rebours : le jour J, j’ai réalisé un chiffre d’affaires au-delà de toutes mes espérances !" se réjouit la gérante, qui a pu embaucher depuis. 

"Au début, j’avais 1 000 abonnés sur Instagram et j’ai continué à travailler avec les influenceuses pour réaliser des vidéos avec elles, mettre en place des jeux-concours… Un jour une cliente, que j’accompagne de manière personnalisée, m’a demandé si je pouvais la filmer à l’issue de ses achats". Et c’est ainsi que débute une jolie histoire entre la gérante et ses clientes, qui deviennent ses ambassadrices. "Ce sont des femmes qui ne sont pas de cet univers médiatique, dont l’authenticité a immédiatement plu à toute ma communauté !" 

Créative, Bintou Aubier poste chaque jour des vidéos et reste à l’affût des tendances des plus grandes maisons, pour choisir les pièces et conseiller les plus adaptées à ses clientes pour "être yellow, lumineuse, je leur demande ce que cela représente pour elle, c’est devenu ma ligne marketing". Yellow Store compte désormais 13 100 abonnés sur Instagram. "J’aimerais développer mon site internet et diffuser ma marque, mais pour ce travail je passerai par une agence d’influence afin qu’elle cible avec qui m’investir", dévoile la gérante, qui espère aussi ouvrir un jour une seconde boutique !

Élise Pierre

(1) Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes.

À consulter : Guide de bonne conduite des influenceurs et créateurs de contenus

 

Contact CCI

"Grâce à mes vidéos, j'ai pu diversifier et étendre ma clientèle", témoigne Joshwan Humez, coiffeur au Mans

"Comme j’ai toujours aimé réaliser des vidéos, j’ai débuté dans le premier salon où je travaillais en 2018. Et lorsque j’ai ouvert mon propre salon, j’ai posté des vidéos avec le concept "la chaise" qui montrait les coupes réalisées, avec l’accord des clients et valorisait en fin de vidéo leur talent dans leur environnement de travail : basketteur, danseur, dessinateur", se remémore Joshwan Humez. Quelques années plus tard, le coiffeur peut se targuer de compter 26 000 abonnés sur Tiktok et d’avoir réalisé des vidéos qui ont fait plus d’un million de vues. " Avec Tiktok, réseau le plus approprié pour mon métier, j’ai pu étendre la clientèle de mon salon - une clientèle jeune et à 70 % masculine - et aussi la diversifier ", explique le coiffeur qui a depuis recruté pour répondre à la demande en hausse. 

Joshwan Humez reconnaît son engagement quotidien pour maintenir cette notoriété : "il faut poster régulièrement. Autodidacte, je me suis équipé d’un trépied et chaque soir je passe quelques heures en montage, surtout sur les vidéos longues de plus d’une minute où j’explique la coupe en détail". D’autant que ce sont ces vidéos plus longues qui permettent la monétisation de son audience par la plateforme Tiktok. "Produire du contenu de qualité prend du temps, mais cela m’a permis de développer rapidement toute ma clientèle. Les gens s’attachent à une personnalité, à un concept, c’est pourquoi il faut rester authentique et privilégier la vidéo pour l’interaction avec sa communauté", conseille le coiffeur, qui souhaite pouvoir lancer sa propre chaîne Youtube…

Joshwan Humez, salon de coiffure au Mans.
Joshwan Humez a ouvert un salon de coiffure en 2022 rue Gambetta au Mans.